Fiscalité et étymologie

Au moment où se clôture cet « exercice d’imposition », il nous a paru intéressant de s’attarder sur l’origine de certains termes relatifs à la fiscalité[1]. Se souvenir des mots prête souvent à rire ou à réfléchir, surtout dans le domaine fiscal.  Savez-vous que le mot fisc provient du mot latin « fiscus » qui désignait un petit panier destiné à presser le raisin ?  D’où l’usage de l’expression « pression fiscale ». Déjà du temps des Romains, les individus étaient pressés comme ….du raisin. Par la suite le mot « fiscus »  fut assimilé au Trésor personnel de l’empereur Auguste, trésor alimenté par l’ensemble des dépôts faits par les citoyens romains, puis devint le  Trésor public.  Le « fiscal », qui désigne aujourd’hui en Espagne le magistrat du ministère public, était à l’époque des Romains ce charmant personnage autorisé à pratiquer la torture. Quant à l’action d’exiger l’impôt, elle s’appelait  « exactio ». L’ « exactor » était celui qui recouvrait l’impôt, qui pratiquait l’exaction. C’est dire si ce personnage était populaire ! Littéralement le mot « exigere » signifiait « pousser dehors », c’est-à-dire contraindre,  souvent par la force à faire sortir un bien du patrimoine du contribuable. L’origine et les dérivés du mot impôt ont aussi de quoi nous interpeller. Le mot impôt provient vient du terme latin « imponere » qui veut dire imposer. Jusque-là rien de bien particulier. Ce qui est en revanche plus original, c’est que ce terme a donné naissance à celui d’ « imposteur » terme qui désignait en France la personne chargée de récolter l’impôt, de pratiquer l’imposture. Si cet usage n’avait, du temps de nos ancêtres, aucune connotation péjorative, force est de constater que les siècles ont forgé un tout autre sens à l’expression. L’imposture est une duperie.  Nous laissons au lecteur le soin d’apprécier comment interpréter ce glissement sémantique. En tout cas, ces quelques exemples révèlent que l’origine de la terminologie fiscale ne repose nullement sur des idées de justice ou d’équité mais sur une lexicologie basée sur la violence, voire la brutalité. Voilà de quoi méditer en cette période de fête que je vous souhaite joyeuse et défiscalisée.

 

 



[1] Pour ceux que cela intéresse, nous renvoyons à une admirable conférence  professeur Thierry Afschrift , intitulée « L’impôt , contribution ou imposture »

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